École Normale d'Instituteurs de Bouzaréa
1865/1962
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Jean-Rémi BOILLOT nous a quittés le 31 mai 2016.
Vous trouverez ci-dessous, l'hommage de sa fille Valérie :
A LA MEMOIRE D'UN ETRE CHER Tu étais parmi nous : un père, un grand père, un frère, un mari, un compagnon et un ami, formidable, unique ! Comment parler de toi sans évoquer les émotions que tu nous faisais partager ? C'est cela qui va le plus nous manquer : ton humour, ta joie de vivre, ta fantaisie, ta créativité, ta générosité et tant d'autres choses... Dans chacun des moments de notre vie, tu avais le don de changer la couleur des choses...Tu étais à toi tout seul un soleil, aussi brûlant que celui de l'Algérie ta tendre terre natale ! Soleil rougeoyant, illuminant et réchauffant tout ceux qui t'entouraient. Nous t'aimons et nous t'aimerons encore longtemps car tu as marqué nos esprits et tu fais toujours partie de nous. Hélas ! Le cœur de ce feu s'est éteint le matin du 31mai 2016 où tu t'es endormi pour toujours, nous laissant tous inconsolables. Cela peut nous faire penser que, dans un sens, ta mort a été belle comme ta vie ! C'est vrai, tu as aimé, tu as partagé, tu as voyagé mais tu as aussi sué, transpiré, et travaillé ! Quoiqu'il arrive toujours debout, plein de ressources et nous, spectateurs de ta vie. Alors, oui ! on peut dire que tu es mort comme un artiste que tu étais ! Adieu ! Valérie |
Pierre MARIE et Georges BOUANNA, deux amis très proches, évoquent la mémoire de Jean-Rémi
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Jean-Rémi, tu nous disais bien que tu étais malade, mais avec ta bonne mine tu nous a trompés et la nouvelle de ton départ est tombée comme un coup de tonnerre. Tout le monde sait que nous étions amis depuis l’enfance, de Caussemille à l’EN. Après, tous dispersés nous nous sommes perdus de vue, retrouvés, bref le téléphone puis Internet nous ont permis de rester en contact. Vois-tu l’image de toi qui me vient, outre ton désormais fameux scooter derrière lequel tu m’emmenais à l’EN, c’est la mer, le jardin d’essai et les piscines du Stade Municipal. On voyait tout ça de ta fenêtre, veinard. Et toi et ton frère étiez de bons nageurs que j’admirais. Ta fille a écrit que tu étais un soleil, et j’aime cette idée. Sur toutes les photos tu es souriant, et heureux de vivre ! même si je sais que tu as traversé des moments très durs, c’est justement cette capacité à rebondir que j’admire. Oui, c’est cette image solaire qui me vient aujourd’hui, et j’aime cette photo devant ton chevalet, elle représente bien des choses. Adieu mon vieux, et merci d’avoir fait partie de ma vie. Pierre MARIE |
A mon ami Jean-Rémi Dans les messages d'anciens normaliens rapportant quelques souvenirs de moments mémorables vécus avec Jean-Rémi, beaucoup font allusion au fameux RUMI , cette petite vespa devenue si célèbre que nous avons souhaité l'associer à l'image de notre copain, dans la plaque commémorative que nous lui avons dédiée. Et quand l'un d'entre nous a demandé qui savait ce qu'était devenu cet engin, je n'ai pu résister au plaisir de vous narrer les derniers moments de la complicité entre l'Homme et la Machine. Voici l'histoire : Alors que nous nous préparions au grand exil - puisque nous savions que notre départ d'Alger serait inéluctable et imminent - Jean-Rémi me dit un matin qu'il ne souhaitait pas abandonner sa bécane à un triste sort et qu'il souhaitait la mettre à l'abri dans la maison de sa grand-mère à Cherchell, mais qu'il avait "un peu" peur de faire le trajet tout seul. Il est vrai qu'à cette époque, le parcours depuis Alger s'était déjà révélé plus que dangereux car la région était aux mains des Fellaghas : la récente fusillade sur la plage du Chenouah restait présente à nos mémoires (avec la blessure par balle de notre camarade de promo et de la classe de philo : André Mahiout). Mais ni lui moi n'accordions tant de place au danger : Jean-Rémi caressait le petit espoir que les choses pourraient s'arranger un jour. Et puis qui oserait s'attaquer à une vieille dame pour lui voler un vélo à moteur ? Nous sommes donc partis, fiers comme Bar-Tabac ! Mais dans notre Ford intérieure, aucun de nous deux n'en menait bien large, surtout dans la côte de Desaix, réputée mortelle, Et moi, Matamore à trois poils je trompais mon solo de castagnettes en tentant de rassurer mon copain en lui disant que moi aussi, j'étais armé...d'un canif suisse ! On a déposé le Rumi dans le garage des grands parents, puis on a partagé le repas de Mamie Boillot, et nous sommes rentrés en car, en compagnie de quelques fellah gagas, en comptant les impacts de balles sur les panneaux routiers! Mais j'ai à cet égard, un autre souvenir qui se rattache à cette escapade. Quand je suis rentré dans ma HLM du Champ-de-Manœuvres, et que j'ai raconté la belle balade à mes parents, j'ai reçu - à plus de 20 ans - ma dernière mémorable branlée par mes géniteurs qui répétaient entre deux gnons "On te tape dessus parce que tu es vivant". Pour mes vieux, les coups ne constituaient aucunement une sanction de désobéissance d'avoir enfreint une quelconque règle de sécurité mais ils ne servaient qu'à les réjouir de constater que j'étais bien en vie. Je n'ai même pas eu le temps de leur expliquer que, si je n'avais pu les prévenir, c'est parce que les portables n'avaient pas été inventés...Et comment aurais-je pu me douter qu'ils le seraient un jour ? ...et eux de répéter « On cogne seulement parce qu'on t'aime !» Putain, qu'est-ce qu'ils m'aimaient ! Georges BOUANNA |