E.N.I.B

                                                                                  1865/1962

 

 

Hommage à Etienne RIFFARD

(1914/2009)

Professeur d'agriculture à l'ENIB  (1945/1954)

 

          Nous devons le texte  et les photos de cette page à Marcel SIMONET,  du Cercle Algérianiste des PO, ami très proche d'E. RIFFARD.

          E. RIFFARD est décédé le 11 février 2009. Il avait 95 ans.

          Nos remerciements chaleureux à M.SIMONET pour cet hommage à cette figure de l'ENIB.

                                                                                                                                                                                                    Mars 2009

 

           

        Etienne RIFFARD est né le 6 mars 1914 à Alger, quartier Mustapha où son père, Compagnon du Devoir, a installé un atelier de peinture sur carrosserie d’automobiles, en 1905.

 Après le Cours Complémentaire, le jeune Etienne se destine à l’Enseignement.  Il réussit son entrée à l’École Normale d’Instituteurs de Bouzaréa, promotion 1932-1935.

Pour répondre à son attirance pour le bled, il opte pour l’étude de la langue arabe et de l’agriculture.

 Profitant de vacances scolaires, il effectuera le trajet Alger- Bou Saada à bicyclette pour rejoindre un de ses condisciples. Ce qui paraît remarquable, notamment pour l’époque, pour ceux qui connaissent les aléas de cette route.

Élève doué, il ressort de l’ENIB, major de promotion.

Le service militaire l’attend. Il va l’accomplir dans un premier temps à l’École d’Officiers de Saint Maixant, puis il rejoint le 2ième Zouave à Oran avec le grade de Sous Lieutenant. C'est dans cette ville, en plus de ses responsabilités militaires qu’il obtient le Certificat  d’Aptitude Pédagogique, en 1936. Contrairement à Camus, sans évidemment oser faire la comparaison, il aimera l’ambiance de cette ville.

 Rendu à la vie civile, il prend son premier poste d’enseignant à Saint Cyprien les Attafs, entre Affreville et Orléansville. Là, il a en charge un classe de 85 élèves, tous niveaux confondus.

Il enseignera aussi à Oued Fodda, sur les flancs de l’Ouarsenis.

 Alors qu’il est nommé à l’EPS de Tizi Ouzou, il ne fera pas la rentrée 1939/1940. La guerre est déclarée.

Affecté au 9ième Zouave, il est nommé Lieutenant. Il part avec son Régiment pour la Tunisie, puis pour la France.

Avant l’armistice de juin 1940, il réussit un coup d’éclat avec sa section. Il fait prisonnier 109 allemands, le 6 juin 1940 à Trosly - Loire. Il est décoré de la Croix de Guerre avec étoile d’argent.

En 1961,Il obtiendra en réparation la Légion Honneur,avec la mention «  au péril de la vie (DPLG) » pour le fameux fait d’arme, les prises de soldats allemands, en 1940. Il avait voulu à ce moment là partager les honneurs avec ses hommes, ce qui lui avait été refusé et écarté de la Légion d’Honneur.

 

L’armistice signé, il rejoint l’EPS de Tizi Ouzou où il aura en charge les 6ièmes Internat. Dans cette ville, il entretiendra de  nombreuses relations avec la population. IL en gardera un profond attachement et laissera des marques d’affection dont il aura la preuve de nombreuses années plus tard, au décès de son épouse, en 2003. Le curé kabyle de la paroisse apprenant la disparition de Madame Riffard, célébrera une messe de requiem à la mémoire de la défunte. Monsieur Riffard n’était pas oublié, même après tant d’années.

Novembre 1942, les Anglo-américains débarquent en Algérie. E.M. Riffard est détaché à la First Army School et se porte volontaire  pour l’Egypte. Il incorpore alors la 8ième Army qui est commandée par le général Montgomery.  Au cours de ce séjour il est breveté officier anti-char puis il obtient le brevet d’interprétation de cartes aériennes.

Juin 1944, c’est le débarquement en Normandie. E.M. Riffard débarque avec des unités anglaises sur les côtes bretonnes, à Saint Pol de Léon. Puis il occupera le poste de chef du 2ième Bureau à Vannes (56) au sein de la 20ième  Division  des Forces Françaises de l’Ouest. Il est alors Lieutenant. Il terminera la guerre en tant que Capitaine. 

A son retour dans ses foyers, Etienne Riffard est nommé à l'ENIB où il occupera le poste de professeur d’Agriculture. Il y restera jusqu’en mai 1954. Il enseignera également l’Agriculture à l’Ecole ménagère agricole.

E.RIFFARD et les profs de Bouzarea (1947)

E.RIFFARD en cours d'agriculture (1953)

Pendant cette période il participera à de nombreuses activités associatives dans Alger : Éducation physique, Préparation militaire supérieure, chant chorale, notamment à Saint Augustin.

Il deviendra Expert judiciaire auprès des Tribunaux,  puis également Expert agricole et forestier.

En 1947, en septembre, le Gouvernement général à Alger lui confie par l’intermédiaire des Services Agricoles, une enquête de faisabilité pour l’implantation d’oliveraies dans le Massif de l’Hodna, secteur de M’Sila, au profit du Service du Paysannat. Cette étude le mènera sur une zone où les Romains, à leur époque, avaient déjà planté des vergers d’oliviers.

Avec les renseignements précis sur la nature des sols , la qualité des eaux, le relevé botanique de la flore spontanée, un projet vit le jour au bénéfice des fellahs sur le secteur Nord-Est immédiat de M’Sila. Il débuta par la plantation de 25 hectares d’oliviers, des souchets provenant de Tunisie.

Des  dix ans passés à l’ENIB, E.M Riffard laissera le souvenir d’un professeur attentionné, à l’écoute de la personnalité de chaque élève. Des témoignages reçus en font foi.

Juin 1954, E.M. Riffard est nommé Inspecteur de l’Enseignement  Agricole pour l’Algérie- Est et le Sahara – Est. Il est officier d’académie.

Pendant toute cette période, il parcourt inlassablement le territoire dont il a la charge. Il a ce pays au cœur et multiplie les contacts jusqu’aux confins sahariens, qu’il découvre avec passion.

Avec la connaissance approfondie de la langue arabe et des mœurs des gens du bled, M. Riffard exerça son talent avec efficacité et humanité, pour un pays qu’il a toujours ancré en lui.

Arrivé en France, il quitte l’Enseignement et exerce son activité d’Expert Agricole au sein d’organismes tels que le Crédit Agricole et la Mutualité Agricole. Il opère alors dans une région qui lui est chère, celle d’origine des arrières grands parents  maternels, dans le département de l’Aude, le Pays de Sault dont la capitale est Quillan. Il résidera à la Pradelle – Puylaurent, petit village surmonté d’un magnifique château cathare.

Dans ce village il viendra en aide à une famille de Français musulmans dont le chef de famille est un ancien militaire du 7ième Régiment de Tirailleurs algériens, gravement blessé à Monte Cassino pendant la campagne d’Italie. 

A la retraite, il se retire dans les Pyrénées Orientales.

De son activité civile, on dirait aujourd’hui citoyenne, il ajoute à ses décorations militaires, la Croix d’Officier de l’Ordre National du Mérite, les Palmes Académiques, le Mérite Agricole, la Médaille de la Jeunesse et des Sports.

Ce qui ressort de cet Homme à la vie bien remplie, c’est sa grande curiosité en toutes choses, sa grande culture, son humanisme chevillé au corps.

Et l’on peut ajouter, comme pour un bon nombre d’exilés, sa fidélité pour le pays qui l’a vu naître.

                                                                                                                                                                               MarceL SIMONET

 

E.RIFFARD (2005)

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