E.N.I.B
1865/1962
Kaci OUADI ( Promo 54/58)
(1937-2020)
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Notre camarade Makhlouf DERRIDJ de la Promo 58/62, vient de nous apprendre le décès de son ami d'enfance Kaci OUADI, normalien de la promo 54/58, survenu le 12 janvier 2020.
Kaci OUADI est né le 18 septembre 1937 à Tizi-Hibel, petit village de Haute-Kabylie. Après ses études primaires dans l'école du village qui ne comprenait que deux classes (les grands et les petits), il poursuivra sa scolarité au Collège de Tizi-Ouzou grâce à une bourse, ce qui était assez rare à l'époque.
En 1954, il est reçu au concours d'entrée à l'Ecole Normale d'Alger-Bouzaréa et fera donc partie de la Promo 54/58 (Ci-dessous photo de 1ère Année)
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Après la 4eme Année, Kaci va poursuivre ses études en France et obtenir une Licence de Psychologie-Sociologie de la Fac de Marseille.
En 1963, sollicité par les Autorités algériennes, il va rentrer en Algérie pour exercer différents fonctions :
- Directeur du Centre de recherches en orientation scolaire et professionnelle
- Directeur de l'Institut de psychologie appliquée d'Alger
- Inspecteur général de l'orientation scolaire et professionnelle
- Sous-directeur des personnels d'enseignement secondaire et enfin Directeur des études de synthèse au cabinet du Ministre de l'Education
Il prendra sa retraite en octobre 1995.
Kaci OUADI s'est éteint le 12 janvier 2020 à Montréal (Canada).
Vous trouverez ci-dessous, l'émouvant témoignage de son ami d'enfance Makhlouf DERRIDJ :
Il m'est difficile de dire à quel moment j'ai connu Kaci dans notre village commun de Tizi Hibel , village de Haute Kabylie faisant face au "Djurdjura" . Probablement d'abord dans les ruelles du village où les enfants passent leur temps à déambuler , jouer, courir ....Mais certainement à l’école, constituée de deux classes ; mais Kaci qui avait presque 4 ans de plus que moi, était dans la classe des grands et moi, dans celle des petits. Cependant mes yeux devaient l'avoir repéré dans la cour de récréation où j'ai dû le côtoyer et peut-être même jouer avec lui. Quand j'ai été dans la classe des grands, il était déjà au collège de Tizi-Ouzou où il a été un des rares à obtenir une bourse de 6ième. Par contre mes souvenirs de lui , à l'époque où il venait passer ses vacances, en particulier d'été (qui étaient alors longues) sont plus présents. C'est , cependant au moment, où lui était en dernière année de collège puis à l’École Normale de Bouzarea, et moi au collège à Alger ,que nous nous sommes liés et devenus inséparables pendant nos vacances communes à Tizi Hibel. Je garde de ces périodes un souvenir lumineux . Je me souviendrai toujours des fois où il recevait de l'argent par mandat postal de la part de son père (vivant àThionville). Il tenait à ce que je l'accompagne pour aller toucher le mandat à la poste du village voisin de Tagmount Azzouz, poste qui était cependant à l'extrémité opposée par rapport à Tizi Hibel, au lieu-dit "Tizi-Asker"et donc à ,au moins à 1,5Km ; avec d'abord une montée puis une descente (la logique voulant que ce soit pareil au retour). A chaque fois , il me disait , une fois l'argent en poche : " Bon , eh bien maintenant , comme toute peine mérite salaire , allons prendre une citronnade au café d'à coté" . Les vacances à Tizi Hibel ont cessé pendant les dernières années de guerre (il était en France pour des études supérieures et moi à Alger). Après la guerre , cela a repris , d'abord comme célibataires , puis avec nos femmes qui sont tout de suite devenues très amies . Quand nous allions en Algérie en été nous nous voyions soit à Tizi Hibel, soit chez eux, dans leur logement de fonction d'un collège situé en haut de la rue Michelet, et nous faisions des virées touristiques: Oh ! ce jour de promenade aux gorges de la Chiffa, un lieu où il y a des singes Magot (appelé je crois Ruisseau des singes): on a fait la bêtise de monter un ravin avec nos filles (2 de mon coté , 2 ou 3 du sien ) pour cueillir des figues. Tout d'un coup on a entendu un bruit de roulement; c'était les singes qui descendaient de branche en branche , certains ayant des petits sur le dos et qui nous coursaient ; cette frayeur ! Nous avons dit à nos femmes de redescendre vite avec les filles et nous deux, nous freinions les singes en les bombardant avec les figues qui étaient dans nos paniers, figues vite attrapées au vol et mangées . Une fois arrivés sur la route Alger-Médéa, nous étions finalement pris d'un fou-rire que je dirai nerveux. Comment oublier , aussi , cette virée au petit port de Dellys sur la cote Kabyle où on a mangé de petits rougets sublimes; on a vu la barque du pêcheur accoster et livrer un cageot de rougets au barman, qui nous les a grillés de suite et qu'on a dégustés avec délice . Quand Kaci venait avec Nora à Paris nous les emmenions au théâtre, qui leur manquait à Alger; Kaci étant un fan de chansonniers, nous les avions emmenés aussi aux "2 ânes" ou encore au "Caveau de la République" . Ces dernières années Kaci s'affaiblissait et commençait à ne pas reconnaitre même des proches .Finalement , certaines de leurs filles s'étant installées à Montréal , Nora et Kaci les ont rejointes . Mais j'ai su que j'étais un des rares (des deux ou trois d'après son frère )après qui il cherchait. Sylvie et moi , avons téléphoné chez eux à Montréal quelques jours avant sa mort et personnellement j'ai été étonné qu'il m'aie reconnu . Quel choc quand nous avons reçu la nouvelle dimanche . Nous avons perdu un ami homme de principes , foncièrement honnête , un vrai produit de l’École Normale d'instituteurs . Makhlouf Derridj , ancien élève de l’École Normale d'Instituteurs de Bouzarea |
Makhlouf et Kaci dans les années 2000.
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