E.N.I.B
1865/1962
La Maison Mauresque
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Tous les ans, jusque dans les années
1950, l'ENIB délivrait aux normaliens un petit fascicule comprenant
les photos des promos présentes à l'EN, des enseignants, du personnel,
ainsi que des photos des bâtiments et des jardins. Sur le site vous
pouvez voir les exemplaires
des années 1904,1908,1913, 1925, 1929, 1934 et 1947
Ayant acquis récemment le fascicule de 1913, j'ai été étonné de trouver deux photos légendées " Ruines de la maison mauresque". Il m'a paru utile d'en savoir un peu plus sur l'hstoire de cette maison. Edouard PONS (mars 2015) |
"Histoire de la maison mauresque"
Au début de l'année 1888, l'École Normale d'Alger qui était installée depuis 1865 dans le quartier de Mustapha supérieur ( approximativement au niveau du terrain qui deviendra le " parc de Galland"), fut transférée dans des bâtiments inachevés et inoccupés situés sur la commune de Bouzaréa.Ces bâtiments avaient été prévus la construction d'un "asile d'aliénés".
Bien entendu le lieu fut baptisé par les normaliens de l'époque "MABOULVILLE" (source Aimé DUPUY "Bouzaréa").
Ce futur "asile d'aliénés" avait été bâti sur une propriété qui en 1830 appartenait à la Régence d'Alger. Comme tous les biens du Beylicat d'Alger, elle avait été confisquée par les autorités françaises.Cette propriété comprenait une très belle villa mauresque et 28 ha de terres agricoles et de bois. La villa avait pour nom " Bou Akeuz" et servait de résidence au "Saïdji" nom du Trésorier-Payeur de la Régence d'Alger. (source KLEIN "Feuillets d'El-Djezaïr").
Depuis la conquète , les médecins français réclamaient l'ouverture "d'asiles d'aliénés" en Algérie. En effet faute d'infrastructures locales, les "fous" (comme on disait à l'époque) étaient transportés et hospitalisés en Métropole, ce qui posait énormément de problèmes. La mortalité était élevée ( 90% en 1852).
En 1880, la population des malades psychiatrique de l'Algérie dépassait les 1500 individus.
Ce n'est qu'en 1883 après d'interminables discussions que le Conseil Général d'Alger, acheta la propriété "Bou-Akeuz" pour y implanter enfin le premier "asile d'aliénés" d'Algérie. Quatre millions de francs furent débloqués et les travaux débutèrent immédiatement. Mais les maîtres d'œuvre n'avaient pas consulté les médecins aliénistes qui rapidement émirent de nombreuses réserves sur la fonctionnalité de ces bâtiments peu propices à l'hospitalisation d' aliénés.
Le service d'urgence et les pavillons d'hospitalisation hommes et femmes furent terminés en 1888, mais restèrent inoccupés faute d'accord avec le corps médical local. (Thèse Dr LIVET Source Gallica).
En 1888, une épidémie de typhoïde et des glissements importants du terrain où se trouvait l'EN de Mustapha, obligèrent les autorités à envisager un déménagement d'urgence de l'École. Et c'est ainsi que le Conseil Général d'Alger décida d'attribuer "à titre provisoire" les locaux de l'asile d'aliénés de Bouzaréa, qui étaient inoccupés..et inachevés.
Les normaliens s'installèrent donc, à titre provisoire, dans le pavillon"femmes" et le service d'urgence de " l'ex-futur asile d'aliénés". En 1962, les normaliens étaient toujours à Bouzaréa.
Sur les deux photos ci-dessous (1904 et 1908) on peut voir la villa mauresque à droite des bâtiments de l'EN ( vue depuis le petit bois)
1904
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1908
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Jusqu'en 1914, il n'y avait ni eau courante ni électricité à l'ENIB.
"Jusqu'à cette date, on dut se contenter de l'eau fournie par la noria du jardin mauresque et celle que les élèves allaient chercher, à force de bras, dans le fond du vallon du petit bois, à environs 800 mètres, par un sentier de chèvres." (Aimé DUPUY "Bouzaréa")
La corvée d'eau ("Bouzaréa" Aimé DUPUY |
C'est le 26 mars 1914, que l'école était enfin reliée au réseau électrique. Le 11 juin de la même année, l'adduction d'eau était totalement réalisée, et l'on pouvait disposer de l'eau courante dans tous les bâtiments. Et Monsieur Ab der HALDEN, directeur de l'Ecole Normale d'Alger-Bouzaréa pouvait déclarer lors de l'inauguration :
"On s'est longtemps demandé si l'Ecole Normale resterait à Bouzaréa. Ce fut un prétexte commode à ne l'installer qu'à moitié. Maintenant que l'Ecole semble établie définitivement dans les locaux qu'elle a dû approprier au jour le jour, il est temps qu'elle s'y installe et que nos bâtiments cessent de présenter ce triste aspect de ruines neuves..."
La Maison Mauresque qui était en ruines fut détruite en 1913. Sur son emplacement et les terrains avoisinants, fut contruite dans les années 1950, la nouvelle école annexe.
En cliquant sur la vignette ci-dessous , vous pourrez voir quelques photos de la maison mauresque