E.N.I.B

                                                                1865/1962

 

 

 

CINQUANTENAIRE de L'ENIB

10 avril 1938

 

        Comme on peut le lire dans " Bouzarea" l'ouvrage de référence d'Aimé DUPUY, si l' École Normale d'Alger fut fondée en 1865  dans des locaux situés à Mustapha Supérieur, elle déménagea en 1888 sur le territoire de la commune de Bouzarea, à l'emplacement qui était encore le sien en 1962.

        Et donc en 1938, il était logique que soit célébré le cinquantenaire de l'ENIB.

        L'article qui suit est tiré de " L'Afrique du Nord Illustré" du 20 avril 1938.

    Je tiens à remercier  Bertrand  qui a trouvé sur le marché St Sernin ce souvenir du passé.

                                                                                                                                                    Édouard PONS     

 

   

Le cinquantenaire des Écoles Normales d’Instituteurs d’Alger Bouzaréa

 

        L'actualité de l'ouvrage absolument remarquable de M. Aimé Dupuy, directeur des Écoles Normales de Bouzaréa, nous dispense d'insister sur l'histoire de cette École dont on a, dimanche 10 avril, dignement fêté le Cinquantenaire, par une journée splendide, une « journée de printemps propice », toute de lumière et de chaudes harmonies.

Mais, saurons-nous fixer comme il se doit, la physionomie caractéristique de cette journée qui fut, au fond, un prétexte émouvant à recréer l'atmosphère nos­talgique d'un passé vibrant, chargé encore de souvenirs innombrables, pittoresques, attendrissants ? Aussi bien, il n'était pas que ces jeunes au rire clair, qui exprimaient leur joie ; il y avait aussi, surtout, les vétérans qui, intensément, revivaient une époque de leur vie particulièrement chère. Occasion exceptionnelle, sa­voureuse, dont chacun sut en « retrouvant une âme d'écolier », tirer un réconfortant parti.

L'organisation se révéla, en tous points, impeccable. Activité, effort soutenu depuis des mois, tant par les maîtres que par les élèves, ne pouvaient, aussi brillam­ment, recevoir leur récompense.

 

A 11 heures, M. Aimé Dupuy recevait MM. Martino, Recteur de l'Académie ; Rosier, directeur adjoint du Cabinet de M. le Gouverneur ; Froger, président du Conseil Général ; Rancière-Granès, représentant le Préfet ; David, inspecteur d'Académie ; Brunet, vice-rec­teur ; Horluc, vice-recteur honoraire ; Dumas, inspecteur général de l'Enseignement indigène; Lalande, proviseur du Lycée ; Mme Hattinguais ; M. Ricard ; M. Girard, le doyen des professeurs, etc...

L'appel des noms de ceux qui, frais émoulus de l'Ecole, tombèrent au champ d'honneur de 1914 à 1918, précède la visite de ce grandiose établissement, qui domine le plus bel horizon qui se puisse imaginer.

Puis, le cortège gagna cette immense esplanade que l'on découvre avec surprise au bout d'une longue galerie, et où étaient installées les baraques de la fête foraine, déjà très animée. Et nous ne croyons pas utile d'insister sur le succès qu'obtint, durant toute la journée, ce coin favori.

 

 

  

Nous ne manquâmes pas, bien entendu, de passer un quart d'heure dans la salle de conférences où étaient exposés des travaux d'élèves et de sectionnaires : dessins ; peintures ; reliure ; sculpture sur bois ; cuivre repoussé ; ajustage ; travaux scientifiques, etc... Heureuse initiative, bien faite pour mettre en évidence, la qualité des moyens acquis.

Le banquet réunit à midi près de sept cent cinquante convives. Un banquet, dont il convient de souligner l'ordonnance parfaite et la parfaite tenue.

Au dessert, M. Aimé Dupuy prit le premier la parole. Son discours — celui du fin lettré connu et hautement estimé — fut de ceux que l'on écoute, jusqu'au bout, avec un intérêt constant. Il dit, la haute signification de cette inoubliable « journée de Bouzaréa » ; il dit, à l'intention de tous ceux qui, de près ou de loin, en avaient permis l'heureuse réalisation, sa reconnaissance et sa joie.

Il est superflu, je crois, d'insister sur l'enthousiasme avec lequel on accueillit ce discours substantiel, magistralement dosé. Il est superflu d'insister sur ce même enthousiasme qui accueillit encore les allocutions prononcées par MM. Boileau, président de l'Amicale des anciens élèves ; Soualah, professeur agrégé de l'Université ; Redon, inspecteur primaire honoraire ; Antonini, maire de la Bouzaréa ; Froger, président du Conseil Général, et Martino, recteur de l'Académie d'Alger.

Nous regrettons sincèrement de ne pouvoir reproduire le texte intégral de ces discours remarquables. On y perd un régal de l'esprit, et une suite d'émotions, combien délicates !

 

Le programme de l'après-midi était chargé. Qu'on en juge. A 15 heures, matinée artistique offerte par les élèves et les sectionnaires ; et que M. Rizzo, professeur de musique de l'École, avait organisée avec tous le talent, tous les soins, toute la ferveur souhaitables. Cette partie artistique, comptait : l'exécution par l'orchestre de l'École, de la « Marche militaire », de Schubert ; du « Ballet égyptien » de Luigini. Deux sketchs, joués par MM. Gantés ; Faner ; Russo ; Hugues. Une très amusante parodie de « Nuit orientale », confiée à un groupe d'élèves maîtres indigènes. Deux comédies gaies, magistralement interprétées par les élèves maîtres européens. Enfin, et surtout, la présentation de la Chorale, qui fut longuement applaudie dans les oeuvres charmantes de Buisson « L'amant discret » ; de Martini « Plaisirs d'amour » ; de la Tombelle « La Charrue ».

Nos félicitations vont à tous. Acteurs, chanteurs, danseurs, furent parfaits, et nous aurions aimé parler davantage de l'entrain, de l'aisance, de la bonne volonté qui ne cessèrent de les animer. J'ajoute, que le succès indescriptible qu'ils obtinrent, les dédommagea, en partie du moins, de leur peine.

Quant au bal de nuit, il connut une faveur tout à fait exceptionnelle. Nous nous en réjouissons d'autant plus, qu'il était donné au bénéfice des oeuvres de solidarité de l'École.

 

Nous ne saurions terminer ce hâtif compte-rendu sans rendre un hommage tout particulier à MM. Puget, professeur de sciences, et Delpretti, économe. L'un et l'autre furent, sans contredit, les animateurs les plus infatigables, les plus assidus de cette manifestation qui, dans les annales pédagogiques algériennes, restera marquée — pour me servir d'une expression de M. Aimé Dupuy — « d'une pierre blanche, d'entre les pierres blanches ».

F. A.

 

       

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