E.N.I.B

                                                                                  1865/1962

 

 

 

Claude BOIRIN (Promo 55/59)

 

Lettre ouverte à Madame Boirin

---------------------------------------

Madame,

Je ne sais pas pourquoi, mais je sens que c’est à moi que doit revenir l’honneur et le privilège de parler de Claude Boirin.

Dans cette promo 55-59, nous avions deux phénomènes : l’un, mathématique, s’appelle Mathieu. L’autre, littéraire, était Boirin ( on ne citait pas les prénoms)

Leur supériorité, admise par tous, n’a jamais entraîné une once de jalousie, ce qui prouve l’intelligence de ces sous-doués qu’étaient les autres...

Lorsque Mathieu commençait son dialogue avec Gerll (prof de maths) la moitié de la classe parlait de sport, l’autre moitié jouait au morpion, moi j’étais dans la Lune, passionné d’astronomie...

L’avantage qu’avait Boirin, c’est que lorsqu’il s’accrochait avec Disdet (prof de français) on comprenait au moins la langue utilisée.

C’est ainsi que l’on pouvait suivre l’argumentaire de Claude, foisonnant d’idées et sachant utiliser l’outil de la langue avec une précision chirurgicale pour défendre son point-de-vue.

Et on en venait à se demander qui, dans cette confrontation, était le maître et l’autre l’élève.

J’ai toujours eu un regret : ne pas avoir sollicité Claude pour qu’il nous recompose des sketchs à partir des affrontements mathématiques et littéraires :

il aurait pu s’en donner à cœur-joie pour reconstituer ces ambiances surréalistes !!

Je dois absolument vous conter une anecdote qui a fait rentrer Claude vivant dans la légende de l’Ecole.

Comme il était toujours premier en français (la question était : qui sera deuxième ce trimestre ?) mais que son contact était très simple et très facile, il entretenait avec le dernier ( pas moi : j’étais avant-dernier !) d’excellents rapports. Lors d’une remise de dissertation, ils avaient échangé leurs copies, Claude mettant donc son nom sur celle du dernier (dont je ne citerai pas le nom : secrets de promotions !) et réciproquement. « Boirin » eut 15, comme d’habitude, et « le dernier » son 7 habituel.

Ce qui montrait qu’il avait à la fois un grand sens de l’humour et de la dérision.

La vie nous a séparés, puisque je me suis dirigé vers la Médecine, ne rejoignant le groupe de l’EN qu’en 2005, lorsqu’ils m’ont « retrouvé ». Mais nous avons des souvenirs communs impérissables.

Madame, j’ai eu l’honneur et le privilège d’approcher et de connaître votre mari. Tous ceux de sa promo, qui l’ont connu, ainsi que tous les autres qui ont entendu parler de lui, se joignent à moi pour souligner la perte d’un grand bonhomme.

Vos enfants peuvent être fiers de leur père.

Bien respectueusement.

Norbert Bayo

 

      Retour accueil