E.N.I.B
1865/1962
Georges BÉGOU (1940-2010)
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Ce lundi 10 mai 2010, Georges Bégou a rassemblé ses carnets
de notes, ses chansons, ses pinceaux, et il s'en est allé
rejoindre ses amis Molière et Luciano Pavarotti au pays des
étoiles.
Natif de l'Hérault, il atterrit avec sa famille à Blida dans les années cinquante et entre à l'École Normale de Bouzaréa en 1956. Passionné du mot sous toutes ses formes, littérature, chanson, journalisme, il s'oriente naturellement vers la philo, prend le temps d'écrire quelques chansons, de participer à la création d'Au Hasard, le journal interne de l'école, et puis sa trace se perd dans le maelstrom de 1962. Pas pour longtemps. Il réapparait d'abord comme chanteur au milieu des années soixante au cabaret, à la télévision et par quelques disques au succès plus que confidentiel. Après un passage par le Club Méditerranée où il commence comme animateur pour devenir chef de village, il entre à la télévision nationale dans l'équipe du service culturel où sa prédisposition pour la communication va enfin trouver un outil à sa mesure. Sa passion pour les artistes, son contact avec les gens, sa puissance de création, son énergie au travail, son enthousiasme communicatif, sa soif d'enseigner (École Normale oblige), sa présence à l'écran et sa voix si particulière vont bientôt l'imposer à la tête du service culturel, un poste auquel le reconduiront sans se poser de question tous les directeurs de la télévision successifs. Georges Bégou enchaîne alors sans relâche interviews et magazines avec un impact sur le public qui feront du service culturel qu'il dirige un élément incontournable du paysage audiovisuel. Parallèlement à cette fonction, il publie livre sur livre, s'adonne à la peinture, à la mise en scène théâtrale et parcourt le monde dans une quête du graal souvent couronnée de succès. À titre d'exemple, Luciano Pavarotti, quelque peu ignoré du grand public français au début de sa carrière, doit à Georges l'explosion de sa popularité dans l'hexagone. Il ne l'oubliera jamais et les deux hommes resteront unis par une amitié indéfectible jusqu'à la disparition du maître. La fin de son parcours professionnel verra Georges retrouver ses racines géographiques mais sa retraite dans l'Hérault ne calmera pas pour autant sa boulimie de création. L'un des ses derniers coups de maître sera la publication d'un magnifique livre illustré sur Molière et la mise en scène d'un spectacle évoquant les débuts de la troupe de l'Illustre Théâtre à Pézenas, sur les lieux même d'où le génie de Molière prit son essor. Ce tourbillon d'activités privera Georges de la disponibilité nécessaire pour participer aux réunions périodiques des anciens de Bouzaréa et beaucoup croiront qu'il les a oubliés ou qu'il renie cet épisode de son passé. L'auteur de ces lignes est bien placé pour savoir qu'il n'en est rien. Au cours d'un déjeuner en 2003, il évoquera ses souvenirs, ses maîtres et ses amis de l'époque avec une précision remarquable. Georges repose désormais dans sa terre natale, à Bessan, à mi-chemin de Béziers et de l'étang de Thau. À l'annonce de sa disparition, Michel Ponceau qui fut son voisin de dortoir à Bouzaréa écrira : "Je le revois passant la matinée du dimanche au plumard, le nez dans les bouquins." C'est sans doute cette image familière que les anciens de l'école voudront garder de Georges Bégou.
Rémy Laven
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En 1959, Georges BÉGOU sera avec Guy PASCUAL à l'origine du renouveau du journal de l'ENIB : "Au Hasard"
Georges BEGOU à l'ENIB en classe de Philo
2010 : Georges BÉGOU et MOLIÈRE
Georges BÉGOU en 2003 (Photo de José GONZALEZ) |