LE TRAIT D' UNION (1964-2000)

 

    École Normale d'Instituteurs  d'Oran

Rue Bruix

par Louis BOURGUES

Elle fut ouverte en octobre 1933. La première promotion 1933-36 était forte de 45 élèves. Le major au concours d'entrée fut Amédée Torrès (décédé) mais supplanté ensuite par Louis Bensoussan (Le Pellec le fut aussi pendant un trimestre).

Le directeur de l'École Normale, lors de son ouverture et pendant quelques années, se nommait Georges Bru qui finit sa carrière comme inspecteur d'Académie à Chaumont (Haute-Marne). Ce fin pédagogue, cet homme de talent serait, paraît-il, décédé depuis une dizaine d'années.

Voici quelques noms des premiers professeurs : Messieurs Aumaitre (sciences), Musard (mathématiques), Faure (directeur de l'école d'application), Jamin (économe), Mme Jeanne Coulon (lettres) qui avait remplacé Monsieur Nogues, nommé inspecteur primaire.

La promotion des vétérans comprenait 20 élèves-maîtres (promotion 1931-34) dont le futur académicien Goncourt : Emmanuel Roblès.

Quelques anecdotes...

En repensant à cette belle école toute neuve où nous fûmes heureux de vivre en communauté sous la direction d'un homme de grande valeur, M. Georges Bru, des anecdotes me reviennent à l'esprit, je vais en citer quelques-unes :

• J'étais en 2e année quand eut lieu le fameux bizutage des "tyrons" , c'est-à-dire des nouveaux arrivants de 1² année. On leur fit croire que le concours d'entrée qu'ils avaient subi était entaché d'erreurs et qu'il fallait le repasser. Tête des nouveaux normaliens et réflexions amères : "Nous faire cela après trois mois de vacances au cours desquelles nous avons tout oublié ...". Le directeur même se prêta à cette comï-tragédie. Il vint tout habillé de noir faire l'appel des normaliens qui eurent un seul sujet à traiter maïs chacun le sien, plus ou moins baroque. La correction fut un enchantement pour les "3e année", inventeurs du stratagème.

• Nous avions en 1933-34 comme surveillant général Monsieur Caricaburu, très strict sur la discipline et sur la présence des élèves en classe. Alors qu'il faisait une inspection dans les trois classes pour vérifier si tout le monde était présent, trois des élèves de 3e année avaient jugé bon "d'aoufer" le cours, c'est­à-dire de s'absenter. Ils se promenaient en discutant dans les sous-sols spacieux du bâtiment. Je me rendis compte à la fois du pointage du surveillant général et de l'absence de mes trois condisciples. Il s'agissait d'Emmanuel Roblès (l'écrivain), de Rabier (décédé) et d'un 3e élève. Je fis ni une ni deux et allai prévenir mes camarades qui rejoignirent en douce leur place. En récompense de mon aide, ils m'offrirent à la récréation 3 "malakofs" achetés à la coopérative.

• Face à notre École Normale se trouvait un établissement scolaire de jeunes filles "l'école Notre Dame des Champs". Au début, nos quarts d'heure de récréation coïncidaient. Alors des propos s'échangeaient, des gestes, des rendez-vous; etc. Cela ne plut pas évidemment aux sœurs qui dirigeaient l'école et fut établi un décalage entre les deux moments de détente. Cela n'empêcha nullement les unes et les autres de se voir à la sortie !

• La première année, donc en 1933, nous eûmes un concierge qui aimait nous entretenir, après les heures de cours évidemment, de métempsycose. Il y croyait fermement et supposait qu'un jour, il deviendrait un... chat !

• En troisième année, nous organisâmes un spectacle théâtral. Nous montâmes la scène dans une grande salle de réunion et nous peignîmes Ies décors sous la direction de notre professeur de dessin.

Le jour de la représentation, le directeur avait désigné deux groupes d'élèves pour accueillir les invités d'honneur. A l'une des portes, on reçut, M. Marius Dubois, député socialiste d'Oran et à l'autre porte bien sûr, Monsieur l'abbé Lambert, maire d'Oran et d'un parti opposé (centre droit). Tout cela pour éviter des heurts.

Voici quelques souvenirs ébauchés. Peut-être sauront'ils intéresser ceux qui les vécurent en même temps que moi.

Louis BOURGUES.  

 

 

 

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